Mieux connaître le quartier…
Devenu au milieu du XIXe siècle un quartier résidentiel réputé de Nice, son architecture est riche et diversifiée : les styles belle-époque, art nouveau ou encore art-déco sont fortement présents. Le quartier des Musiciens – qui rend hommage aux plus grands compositeurs classiques – a également compté des résidents célèbres…
Le quartier des musiciens, qui commence avec la rue Paganini à l’est, le boulevard Victor Hugo au sud, s’étend jusqu’à l’avenue Gambetta à l’ouest. Au nord, il se termine sur l’avenue Thiers où se trouve la gare centrale de Nice.
La plupart de ses rues, avenues et squares portent les noms de grands musiciens classiques : Wolfgang-Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven, Charles Gounod, Gioachino Rossini, Daniel-François-Esprit Auber, Marc-Antoine Charpentier, Ferdinand Herold, Joseph Kosma, Camille Saint-Saëns ou encore Hector Berlioz et Giuseppe Verdi, qui ont tout deux séjourné à Nice. Sans oublier le compositeur génois Niccolo Paganini : ce virtuose à la fois violoniste, altiste et guitariste, est d’ailleurs mort le 27 mai 1840 au 23, rue de la Préfecture, dans le vieux Nice. Dans le périmètre, on trouve aussi une rue portant le nom de la poétesse Louise Ackermann : un quartier inspiré par l’art, donc… Découvrir les façades souvent somptueuses du quartier mérite une balade en musique, avec une playlist d’extraits d’oeuvres de tous ces grands noms ! Pour autant, il n’a pas d’exclusivité : d’autres quartiers de Nice ont des rues portant le nom d’un musicien, tel les rues Massenet, Gabriel-Fauré ou Halevy, proches de la rue piétonne, ou encore la rue Meyerbeer, qui relie la promenade des anglais au boulevard Victor Hugo. Enfin, on note qu’au nord du quartier des Musiciens, au 32 de la rue Georges-Clémenceau, un très bel immeuble de style Belle-époque, le Sapho porte le nom d’un opéra composé par Charles Gounod. C’est aussi le cas du palais Faust, construit en 1925 au 25 de la rue Gounod.
Son urbanisation correspond à l’annexion de Nice à la France en 1860. L’explosion touristique entraîna la construction de nouveaux immeubles dans ce quartier toute proche de la gare, jadis riche en… jardins potagers, exploitations horticoles et cressonnières. Les noms de Musiciens pour ses rues est un choix original fait par les autorités niçoises au moment de l’aménagement du quartier, en pleine période Belle-époque ou l’art musical vit une apogée. On dénombre ainsi de nombreux Palais (beaux immeubles privatifs) et de nombreux hôtels : ils datent en général du début du XXe siècle. Le quartier des Musiciens est certainement le plus emblématique de l’architecture Belle-Époque à Nice (1860-1914). Le style Art-nouveau ou encore l’Art-déco (par exemple La Pergola, 36 rue Verdi, la Poste Thiers, le Sémiramis au 40 de la rue Verdi, le palais Clémenceau au 40, avenue Georges-Clémenceau…) s’y sont également exprimé. On trouve aussi des inspirations issues des styles Renaissance et néo-classique. Sans oublier le style Louis-XIII de la gare de Nice.
Mais au-delà de son patrimoine architectural unique, c’est aussi un quartier à vivre, attachant : il compte de nombreux commerçants de proximité, des restaurants et des hôtels mais aussi des antiquaires, ainsi qu’un grand nombre d’études de professions libérales comme de cabinets médicaux, l’université inter-âges de Nice, sans oublier des écoles ou encore de beaux jardins publics prisés des familles et des anciens.
Apprécié pour son charme et sa quiétude résidentielle, le quartier des Musiciens bénéficie d’un emplacement situé à proximité immédiate de l’hyper-centre de Nice, mais aussi de la promenade des anglais et des plages de la baie des Anges. Depuis 2018, l’arrivée de la ligne 2 du tramway au sud du quartier a facilité les accès et permet par exemple de se rendre au port de Nice ou à l’aéroport international Nice Côte d’Azur en 20 minutes seulement.
Le quartier des Musiciens a aussi compté d’illustres résidents. Dont de grands entrepreneurs : on peut citer par exemple les fondateurs de la marque d’apéritifs milanais Fernet-Branca qui ont construit en 1910 l’immeuble portant sur son fronton le nom « Fratelli Branca » en haut de la rue Berlioz. Cet étonnant immeuble de style néo-gothique vénitien était leur succursale niçoise.
Plusieurs écrivains ont vécu ici : L’académicien et grand reporter Joseph Kessel, auteur de « L’armée des ombres » et du « Chant des partisans » habitait au 3, venue Auber et fit ses études au lycée Masséna. Gaston Leroux, le romancier auteur du « Mystère de la chambre jaune » et du « Fantôme de l’opéra » vivait au 53, boulevard Gambetta. Thomas Narcejac, l’auteur de « Sueurs froides » et de nombreux autres romans policiers résidait au 25 de la rue Guiglia.
C’est également le cas d’une grande figure contemporaine, Simone Veil : académicienne, ministre, présidente du parlement européen, elle est née à Nice et vécut au 50, avenue Clémenceau avec ses parents.
Située à proximité du nord-ouest du quartier, la cathédrale orthodoxe russe est l’un des joyaux les plus visités de la capitale azuréenne. Elle témoigne de la forte présence des hivernants russes à la fin du 19e et dans la première moitié du 20e siècle. Ainsi, le quartier des Musiciens à compté deux résidents russes très célèbres, qui ont logé au même endroit : la pension Oasis (qui est toujours un hôtel), au 23 de la rue Gounod. Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, y a séjourné en 1909 et 1911. Anton Tchékhov a séjourné lui aussi à la pension Oasis, durant les hivers 1897-1898, 1900, 1901 et 1903. C’est là que le dramaturge a écrit une partie de sa pièce « Les Trois Soeurs ». Dans la jolie cour de l’hôtel, une plaque commémore toujours cette présence.
Côté artistes, saviez-vous que le quartier a également vu la naissance du peintre Yves Klein au 33, rue Verdi dans le bel immeuble Belle-époque qui fait face à « La Pergola ». Peut-être la lumière et le bleu du ciel de Nice lui a t-il inspiré son célèbre bleu « IKB », emblématique de son oeuvre? Peintre et sculptrice, mais aussi écrivain, Marie Bashkirtseff (une rue du quartier de Carras porte son nom) vécu avenue Baquis. La pétillante comédienne Michèle Laroque, elle aussi née à Nice (à la clinique Santa Maria, toute proche du quartier) a longtemps habité au numéro 33 de la rue Rossini, avant de monter à Paris à 25 ans pour tenter sa chance sur les planches.
Enfin, côté sportifs, l’escrimeur niçois Claude Arabo – meilleur sabreur français des années 1960, qui monta sur plusieurs podiums olympiques et internationaux – vécut lui aussi dans ce quartier. La formidable Suzanne Lenglen, première star internationale du tennis féminin (parmi ses 241 titres, dont la médaille d’or olympique du simple dames 1920, elle a emporté 6 fois Wimbledon et 2 fois les internationaux de France) habita elle aussi l’avenue Auber. Aujourd’hui, une rue de Nice porte aussi son nom : c’est celle ou se trouve le Nice Lawn Tennis Club.
Pour en découvrir plus en images sur l’histoire du quartier, visionnez également la très intéressante présentation réalisée par Martine Porta, ancienne membre du conseil d’administration du comité.
Visionnez également la galerie de façades du quartier ici.